ITINÉRAIRE GÉOLOGIQUE
À LA RECHERCHE DE L’ANCIEN OCÉAN PERDU

1 - IL GRANDE GHIACCIAO DI VERRA ERA QUI

2 - LA PIETRA DOLCE

3 - LA RADURA DEI MONUMENTI

4 - LE SENTINELLE NERE

5 - LO SPECCHIO DI FAGLIA

6 - LA ROCCIA TRITURATA

7 - I CRISTALLI DEGLI ABISSI

8 - LE MONTAGNE SI MUOVONO ANCORA

9 - LE SPIAGGE DEI DINOSAURI

10 - BRILLANO GLI ANTICHI FANGHI DELL'OCEANO

11 - I CARBONI SPENTI SOTTO I PIEDI

12 - LA PIETRA COTTA

13 - LA PENTOLA GLACIALE

  • 1 - IL GRANDE GHIACCIAO DI VERRA ERA QUI

  • 2 - LA PIETRA DOLCE

  • 3 - LA RADURA DEI MONUMENTI

  • 4 - LE SENTINELLE NERE

  • 5 - LO SPECCHIO DI FAGLIA

  • 6 - LA ROCCIA TRITURATA

  • 7 - I CRISTALLI DEGLI ABISSI

  • 8 - LE MONTAGNE SI MUOVONO ANCORA

  • 9 - LE SPIAGGE DEI DINOSAURI

  • 10 - BRILLANO GLI ANTICHI FANGHI DELL'OCEANO

  • 11 - I CARBONI SPENTI SOTTO I PIEDI

  • 12 - LA PIETRA COTTA

  • 13 - LA PENTOLA GLACIALE

La vallée des Cimes Blanches (haute Valle d’Ayas) semble, aujourd’hui plus que jamais, associée à l’appel du géologue Giorgio Vittorio DAL PIAZ qui, dans les années 90 invoquait l’établissement d’un « Parc de l’Océan Perdu » au vu des richesses géologiques faisant état de l’existence d’un ancien océan originel dans cette partie des Alpes.
En effet la vallée des Cimes Blanches se caractérise par:

  • a) une complétude des différents éléments constitutifs du fond océanique (serpentinite dans le manteau, gabbros et basaltes pour la croûte océanique, anciens sédiments) rassemblés dans un espace bien défini ;
  • b) leur distribution sur trois niveau bien distincts: en bas, la lithosphère océanique profonde, ensuite la croûte, d’origine magmatique, enfin, la succession océanique principalement d’origine sédimentaire (Mont Roisetta, Mont Tournalin) séparée de la marge lagunaire des Cimes Blanches;
  • c) le caractère clairement établi des différentes associations minéralogiques des roches, illustrant aussi bien les phases de profondeur maximale (éclogites, roches à grenat et jadéite) que les phases successives de remontée à la surface (en particulier la pierre ollaire).

Il s’agit là d’une situation exceptionnelle, unique (on parle bien d’un unicum) car nulle part ailleurs dans les Alpes on peut trouver ces trois caractéristiques en même temps et lieu !
Par ailleurs, en parcourant la vallée sur les traces de l’ancien Océan disparu, nous pouvons découvrir d’innombrables autres indices qui attestent une activité géologique récente, aussi bien d’un point de vue de la géodynamique que d’un point de vue de l’étude des glaciers.

1 - IL GRANDE GHIACCIAO DI VERRA ERA QUI

2 - LA PIETRA DOLCE

3 - LA RADURA DEI MONUMENTI

4 - LE SENTINELLE NERE

5 - LO SPECCHIO DI FAGLIA

6 - LA ROCCIA TRITURATA

7 - I CRISTALLI DEGLI ABISSI

8 - LE MONTAGNE SI MUOVONO ANCORA

9 - LE SPIAGGE DEI DINOSAURI

10 - BRILLANO GLI ANTICHI FANGHI DELL'OCEANO

11 - I CARBONI SPENTI SOTTO I PIEDI

12 - LA PIETRA COTTA

13 - LA PENTOLA GLACIALE

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  • 2 - LA PIETRA DOLCE

  • 3 - LA RADURA DEI MONUMENTI

  • 4 - LE SENTINELLE NERE

  • 5 - LO SPECCHIO DI FAGLIA

  • 6 - LA ROCCIA TRITURATA

  • 7 - I CRISTALLI DEGLI ABISSI

  • 8 - LE MONTAGNE SI MUOVONO ANCORA

  • 9 - LE SPIAGGE DEI DINOSAURI

  • 10 - BRILLANO GLI ANTICHI FANGHI DELL'OCEANO

  • 11 - I CARBONI SPENTI SOTTO I PIEDI

  • 12 - LA PIETRA COTTA

  • 13 - LA PENTOLA GLACIALE

La vallée des Cimes Blanches (haute Valle d’Ayas) semble, aujourd’hui plus que jamais, associée à l’appel du géologue Giorgio Vittorio DAL PIAZ qui, dans les années 90 invoquait l’établissement d’un « Parc de l’Océan Perdu » au vu des richesses géologiques faisant état de l’existence d’un ancien océan originel dans cette partie des Alpes.
En effet la vallée des Cimes Blanches se caractérise par:

a) une complétude des différents éléments constitutifs du fond océanique (serpentinite dans le manteau, gabbros et basaltes pour la croûte océanique, anciens sédiments) rassemblés dans un espace bien défini ;

b) leur distribution sur trois niveau bien distincts: en bas, la lithosphère océanique profonde, ensuite la croûte, d’origine magmatique, enfin, la succession océanique principalement d’origine sédimentaire (Mont Roisetta, Mont Tournalin) séparée de la marge lagunaire des Cimes Blanches;

c) le caractère clairement établi des différentes associations minéralogiques des roches, illustrant aussi bien les phases de profondeur maximale (éclogites, roches à grenat et jadéite) que les phases successives de remontée à la surface (en particulier la pierre ollaire).

Il s’agit là d’une situation exceptionnelle, unique (on parle bien d’un unicum) car nulle part ailleurs dans les Alpes on peut trouver ces trois caractéristiques en même temps et lieu !
Par ailleurs, en parcourant la vallée sur les traces de l’ancien Océan disparu, nous pouvons découvrir d’innombrables autres indices qui attestent une activité géologique récente, aussi bien d’un point de vue de la géodynamique que d’un point de vue de l’étude des glaciers.

DONNÉES TECHNIQUES

  • ACCESSOIRES CONSEILLES: loupe et aimant

  • DEPART: Place de l’église à  Saint-Jacques (m 1685)

  • ARRIVEE: Alpe Vardaz (m 2335)

  • ARRIVEE: Alpe Vardaz (m 2335)

  • DIFFICULTE: (E) Facile

  • DENIVELE: 650 m

  • LONGUEUR: 9400 m

  • TEMPS DE PARCOURS A L’ALLEE (MONTEE): 2h30'

  • TEMPS DE PARCOURS AU RETOUR (DESCENTE): 2h

INFORMATIONS UTILES

Itinéraire d’accès

À la sortie de l’autoroute à Verrès, prendre la route régionale n° 45 de la Val d’Ayas.

Traverser les villages de Challand-Saint-Victor, Challand-Saint-Anselme et Brusson jusqu’à la Commune de Ayas. Traverser le village de Champoluc et continuer sur la route principale jusqu’au village Saint-Jacques-des-Allemands où il est possible de garer sa voiture sur la place, devant l’église.

Durant les vacances scolaires d’été (juillet et août) il est interdit de circuler dans le dernier tronçon de route (le dernier kilomètre). Il est nécessaire de garer la voiture dans le grand parking du village de Frachey (parking du funiculaire) et de poursuivre la route avec une navette (passage régulier, ligne rouge)

Si on ne dispose pas de voiture, il est possible d’emprunter un bus de liaison de Verrès à Saint-Jacques.

Pour en savoir plus : http://www.vitagroup.it/linee-urbane-extra-vda

Useful Information

DESCRIPTION DE L’ITINÉRAIRE

De la place de l’église à Saint-Jacques continuer la route goudronnée qui côtoie le torrent Evançon jusqu’à un édicule religieux avant un pont. Laisser le pont sur la gauche et continuer sur la droite du fleuve pour le traverser au deuxième pont, à la fin de la route goudronnée. Un large sentier taillé en gros gradins remonte abruptement la pente sur la gauche du torrent. Suivre le sentier jusqu’au pont qui franchit le torrent Tsère et remonter le sentier en direction de Fiéry  en laissant le torrent sur la gauche: le chemin est ample, bien taillé et traverse une futaie de mélèzes.
Après environ 10 minutes de marche, un panneau sur le chemin illustre le procédé de fabrication du charbon de bois issu de la combustion de monticules coniques de bûches et de terre.

STOP 1. LE GRAND GLACIER DE VERRA ARRIVAIT JUSQU’ICI.

Le chemin remonte abruptement le flanc de la pinède au milieu d’une série de gros rochers. Il s’agit là de l’ancien lit du glacier reconnaissable à la dimension de ses rochers, à leurs bords émoussés et à l’importante quantité de limon encore présente sous la mousse entre les pierres. À côté d’une terrasse étayée réservée à une charbonnière un panneau explique la technique de production du charbon de bois destiné à l’industrie métallurgique.

Continuer sur le large sentier (glissant en cas de pluie). Peu avant le carrefour pour Fiéry (on aperçoit le jalon-balise au loin) quitter le sentier pour suivre des chemins en pente droite balisés par des monticules de pierres en direction de l’arête où le versant descend abruptement vers le torrent Verra jusqu’à rejoindre un gros rocher en équilibre instable sur la crête derrière lequel s’appuie une dalle en pierre ollaire portant des traces de gravures.

STOP 1 | EN SAVOIR PLUS

Le large chemin qui se ramifie en de multiples variantes, monte à l’assaut du versant tout en se frayant le meilleur passage dans un éboulis très haché où se mélangent des blocs rocheux de toutes dimensions, de quelques centimètres à plusieurs mètres. Ces rochers aux angles émoussés appartiennent aux mêmes falaises rocheuses qui surplombent la Plaine de Verra : la serpentinite, un type de pierre foncée, bleutée et glissante sous le pied. La moraine de l’ancien glacier de Verra qui descendait le long de la vallée a labouré le terrain où pousse, aujourd’hui, un bois de mélèzes. D’ailleurs, personne ne s’aviserait à tenter d’y faire pousser autre chose, tant le terrain est pauvre en soi, mis à part, ça et là, quelques minuscules terrasses ou zones de cumul sédimentaires.

STOP 2. LA PIERRE OLLAIRE

La pierre ollaire du val d’Aoste (“pera douça” en patois local) est essentiellement composée de chlorite, un minerai gris-vert sous forme de lamelles superposées provenant d’anciennes coulées de lave basaltique sur les plaines abyssales de l’ancien océan alpin.

Regagner le chemin principal pour prendre sur la gauche la direction du lieu-dit Fiéry, dominé par la grande structure de son ancien ‘hôtel Bellevue’ du XIXe siècle (observez, en passant, le vieux four en pierre et ses anciens panneaux).
Après avoir traversé l’hôtel et les quelques maisons attenantes continuer dans la pinède jusqu’au pont qui traverse le ruisseau. Quitter le chemin avant le pont (il faudra laisser le fleuve sur votre gauche) et prendre sur la droite en suivant d’anciens tracés sous les arbres qui se frayaient un passage entre ce qui reste d’anciennes cultures à terrasse.
Se diriger en hauteur vers la côte et, après quelques minutes, suivre un tracé qui se dirige vers le torrent qui descend en cascade sur notre gauche. En haut de la crête, en amont de la cascade, deux troncs d’arbres permettent d’enjamber le torrent et de rejoindre, sur la droite, une grande plaine délimitée par une falaise et quelques éboulis de rochers aux formes géométriques.

STOP 2 | EN SAVOIR PLUS

Nous voici arrivés au grand rocher de crête qui domine le fleuve. Comment cet amas de serpentinite ait pu arriver jusqu’ici, cela reste un mystère mais, parmi les bizarreries du lieu, on remarque une jolie dalle en pierre ollaire (connue, en patois régional sous le nom de « pierre douce » n.d.t.) sous le rocher, côté montagne. La dalle semble avoir été plusieurs fois gravée, la marque la plus significative semble être celle qui atteste la limite du cadastre, sur la droite. La production de produits manufacturés semble être attestée dans le Val d’Aoste, surtout à partir du VIè siècle. A Saint Jacques, des amas de  scories en « pierre douce » issues du façonnage de tour attestent une importante production de récipients, même si les emplacements des ateliers ou les endroits d’excavation de la pierre n’ont pas pu encore être localisés avec certitude.

STOP 3. LA CLAIRIÈRE AUX MONUMENTS

Cette plaine circonscrite est le résultat de dépôt de sédiments naturels charriés par le torrent Tsère qui, dans sa descente, est freiné par le cordon latéral de la moraine de l’ancien glacier de Verra. Dans la plaine, de gros blocs rocheux tombés des parois voisines font office de terrain privilégié d’escalade pour grimpeurs de passage

Pour poursuivre l’itinéraire il faudra revenir sur ses pas , retraverser les troncs d’arbres sur le torrent Tsère, continuer vers la droite sans perdre de la hauteur et, après quelques mètres, prendre sur la gauche un petit chemin qui vient du lieu-dit Pian di Verra et qui remonte la crête en coupant la pinède sur la gauche en direction d’amples parois en pierre souvent gorgées d’humidité et suintantes.

STOP 3 | EN SAVOIR PLUS

Le sentier non balisé, qui longe les méandres du torrent et remonte une chaîne, révèle les traces d’ouvrages titanesques d’épierrage, d’étagement et d’étayage pour la maigre conquête de quelques arpents d’herbe. D’ailleurs, l’étayage se révèle ici particulièrement complexe car la chaîne n’est autre que la bordure latérale de droite des dépôts de l’ancien glacier de Verra, autrement dit, une véritable muraille de pierres. C’est cette même muraille qui force le torrent Tsère à couler comme suspendu sur les côtés de la vallée, se frayant un couloir entre le versant et la moraine : il ne se jettera dans l’Evançon que bien plus bas, près du hameau de Blanchard.
Cependant, le couloir avec le torrent à mi-hauteur sur notre gauche se fait d’un coup accueillant et agréable: en suivant les courbes du torrent, de fins débris de roche s’accumulent au sol en créant des zones d’herbes plus ou moins humides. Sur une des plus grandes plages d’herbe, en amont du couloir, de gros blocs de pierre aux formes géométriques régulières semblent attendre les ados en mal de ‘bouldering’. On rejoint l’endroit en prenant le premier sentier à gauche et après avoir traversé le torrent Tsère sur deux troncs d’arbres couchés qui enjambent le fleuve.

STOP 4. LES SENTINELLES NOIRES

La roche prend la forme de gros dièdres verticaux. Avec un aimant nous constatons qu’elle est chargée de magnétite puisque nous sommes, ici, dans la partie la plus profonde de l’océan jurassique d’il y a 170/150 millions d’années.
Il s’agit de serpentinite, une roche directement dérivée de la roche constituant la partie la plus profonde de la planète Terre (péridotite).

Après quelques minutes de montée, nous rejoignons une ample terrasse taillée dans la pierre, sorte de « belvédère » naturel, où nous pouvons admirer le paysage de tout le versant gauche de la vallée d’Ayas (zone d’ancienne colonisation Walser).
Continuer le chemin, traverser les marches en pierre taillée qui côtoient le tumultueux torrent Tsère jusqu’à la plaine homonyme, et longer cette ample clairière jusqu’au pont qui la délimite au fond. Franchir le pont et se diriger vers la sombre paroi rocheuse.

STOP 4 | EN SAVOIR PLUS

Sur le sentier 8E qui monte droit vers la combe de Tsère on approche finalement ce qui intéresse davantage le vrai géologue, c’est-à-dire la roche d’affleurement, qui fait surface. Elle dessine le paysage de façon spectaculaire par une succession de dièdres lisses et noirs issus de fractures verticales qui scandent la paroi à intervalles réguliers. La couleur sombre de la roche, due en partie à une patine d’altération (oxyde de manganèse ?) s’explique surtout par sa forte teneur en fer, tout particulièrement en magnétite ou susceptibilité magnétique, à savoir sa capacité à s’aimanter. Il s’agit là de serpentinite (silicate de magnesium ou silicate hydrate de magnésium et magnétite), un type de roche déjà rencontré sur le chemin de Fiéry sous forme de dépôt glaciaire et de débris de faille dans le lieu-dit ‘Valletta Amena’. La serpentinite trouve son origine dans le fond des océans, issue d’une roche encore plus profonde, la péridotite, qui constitue la majeure partie du manteau terrestre (à savoir, l’immense sphère rocheuse sous la croûte terrestre). Nous sommes, sans le savoir, en train de traverser l’ancienne croûte océanique qui occupait les Alpes actuelles à l’époque Jurassique (il y a 150 millions d’années) comme l’attestent magnifiquement l’ensemble des Vallées des Cimes Blanches.

STOP 5. LE MIROIR DE FAILLE

La grande paroi plate et très inclinée brille au soleil, surtout lorsqu’elle est mouillée. Ici aussi la roche est noire de magnétite. La paroi, de part son éclat, sa brillance et son côté très lisse, fait l’effet d’un miroir. La plaque de roche, aujourd’hui bien enfoncé dans la terre à la base de la plaine de Tsère, l’a lissée en glissant, avant de s’enfoncer en contre bas.

À la fin de la plaine, le sentier remonte en se tenant vers la droite jusqu’à un terrain assez friable.

STOP 5 | EN SAVOIR PLUS

Dans la vallée de Tsère un imposant défilé de parois rocheuses spéculaires semble en dessiner les limites, côté montagne : il s’agit là de lisses parois noires, alignées et planes, très inclinées et qui semblent se glisser sous l’herbe. Même ici, grâce à un aimant, nous pouvons attester qu’il s’agit bien de serpentinite. Cependant, une observation des lieux plus poussée nous révèle aussi un autre détail : ces parois semblent avoir été lissées suite au glissement d’une partie de la masse rocheuse d’origine et qui se trouverait plus bas, enfoncée dans la terre. La dépression ainsi créée aurait, par la suite, été comblée de terre et de pierres. Ceci semblerait expliquer l’origine de la Plaine de Tsère, à une époque difficile à dater avec précision car la surface des parois spéculaires ne semble être sujette à l’action des agents atmosphériques que depuis peu de temps, (après la déglaciation) même si le terrain aurait très bien pu avoir cédé bien auparavant à une plus faible profondeur.

STOP 6. LA ROCHE HACHÉE

À mi-hauteur on traverse une portion de roches friables s’effritant en de minuscules écailles gris-bleu. Nous avons rejoint l’extrémité supérieure de ce grand corpus de roches noires et magnétiques, les serpentinites, que nos pieds foulent encore. La proximité érosive et râpeuse d’autres roches, que nous observerons plus loin, les rend très spécialement scistites et laminées.

Après avoir laissé sur la droite la déviation pour le Mont Tsère et le bivouac Città di Mariano, nous atteignons un petit col qui marque aussi le point le plus élevé de notre itinéraire géologique. Arrêtons-nous sur le point culminant, à côté d’un monticule-balise en pierres superposées, face à l’Alpe Varda et en bordure d’un sillon que le sentier chevauche de multiples fois.

STOP 6 | EN SAVOIR PLUS

Le sentier TMR (Tour du Mont Rose) parcourt toute la plaine et traverse le fleuve juste à proximité des parois spéculaires noires avant de reprendre la montée sur la chaîne qui délimite la Vallée de Tsère. À mi-parcours, le chemin traverse une série de roches bleutées, complètement hachées. Après une observation plus poussée munis d’aimants et de loupe nous avons peine à reconnaitre les serpentinites de Tsère : or, ces dernières ont subi une action de laminage (de froissement) par des métabasites qui, dans la croûte océanique les précédaient. Les métabasites se cachent dans un amas détritique mais quelques unes affleurent au milieu des rochers éparpillés dans l’herbe. À ces dernières l’aimant n’adhère pas.

STOP 7. LES CRISTAUX DES ABYSSES

Sur la chaîne recouverte d’herbe, affleurent quelques rochers bordés de petits cristaux verts, rouges et blancs : il s’agit là des assemblages des hautes pressions, c’est-à-dire des grandes profondeurs terrestres, qui nous révèlent la manière dont les Alpes se sont formées. Nous nous trouvons ici en correspondance du fond océanique mais à un niveau supérieur par rapport aux précédentes serpentinites de Tsère.

Juste à côté des roches bordées on aperçoit un sillon régulier qui coupe la vallée.

STOP 7 | EN SAVOIR PLUS

Les fonds océaniques sont et ont toujours été très actifs géologiquement : les plaques bougent rapidement, les magmas s’introduisent nombreux dans la croûte océanique ou en éruption sur le fond des mers. À partir du lieu-dit Alpe Varda jusqu’à la fin de notre parcours, les rochers vont témoigner de la composition chimique des magmas océaniques : silicates de fer et de magnésium et quelques autres silicates plus sensibles à la chaleur (de calcium, de sodium, d’aluminium). Il y a cependant un problème : les minéraux ne sont plus les mêmes. Entre le fond océanique (il y a 150 millions d’années) et les montagnes actuelles, les magmas ont traversé, il y a 45 millions d’années, un affaissement spectaculaire de leur plaque océanique ce qui a collapsé les minéraux basaltiques originels pour les transformer en minéraux d’haute pression. Suite au rétrécissement de l’espace entre les continents, la plaque océanique est passée en subduction sous la plaque continentale africaine se trouvant ainsi à des profondeurs (pressions) insoutenables pour les minéraux magmatiques originels. Tout ce que nous pouvons observer actuellement en surface porte les stigmates de ces transformations en profondeur. Voilà pourquoi nos rochers ne sont pas des basaltes ou des gabbros (roches magmatiques) mais plutôt des métabasites (roches métamorphiques).
Les métabasites que nous observons ici sont pour la plupart rouillées et difficiles à étudier. Uniquement dans de rares endroits, par exemple sur la sommité de la chaîne herbeuse face à l’Alpe Varda, la fente fraîche du terrain laisse entrevoir une série de petits cristallins verts (omphacite), rouges (grenats) et blancs (zoïsites) en provenance directe des entrailles de la terre (ils se forment à plus de 60 km de profondeur).

STOP 8. LES MONTAGNES BOUGENT ENCORE

Les deux bords du sillon, originairement attachés, se sont détachés suite à un ‘étirement’ du terrain au moment de l’élévation toute récente du Mont Rose. La tourbière et le vallon adjacent semblent remonter à cette même époque, il y a environ 35 millions d’années.

Continuer en prenant sur la gauche jusqu’à rejoindre le sentier balisé des Cimes Blanches ; continuer pour une centaine de mètres sur la droite jusqu’aux ruines en pierre de Varda (très probablement un dépôt-magasin à la croisée des routes qui allaient et venaient de la Suisse en empruntant la Vallée des Cimes Blanches).
Devant nous notre regard admire surpris les trois Cimes Blanches (Gran Sometta, Bec Carré et Pointe Sud) et observe avec intérêt la large bande blanche qui traverse la paroi vers l’Ouest (du Grand Tournalin jusqu’au Mont Roisetta).

STOP 8 | EN SAVOIR PLUS

Un sillon rectiligne, aux parois verticales, parcourt le versant en mettant la roche à nu. D’une largeur constante d’une bonne dizaine de mètres, profond un peu moins, il descend en biais du sommet du Mont Tsère pour entrer et sortir dans la tourbière de l’Alpe Varda. Notre chemin le traverse d’abord en faible descente pour remonter ensuite et nous conduire, sur la gauche, sur le grand sentier n° 6 de l’Aventine. Il s’agit là d’une profonde entaille dans le terrain avec fracture et dislocation de sa masse rocheuse, témoin des tensions auxquelles la Vallée des Cimes Blanches a été soumise à la suite des mouvements d’orogenèse. On peut raisonnablement affirmer que l’entière Vallée, avec ses subdivisions de Tsère, Aventine et Courtod, est le résultat de l’étirement de la croûte terrestre suite au soulèvement de la chaîne contigüe du Mont Rose. Nos montagnes attestent ces transformations subies par notre planète et l’observation de ces indices d’activité en profondeur permet de mieux nous le faire comprendre.

STOP 9. LES PLAGES DES DINOSAURES

L’abrupt versant droit de la vallée paraît coupé à mi-hauteur par une large bande blanche: il s’agit là des restes d’anciennes lagunes salées et plages qui bordaient l’ancien océan en formation. Au dessus se trouvent les restes des cumuls de sédiments boueux de ce même océan (Mont Tournalin, Mont Roisetta).

Après une pause pour admirer le paysage extraordinaire qui nous entoure, notre descente commence. Revenus sur nos pas jusqu’au dernier embranchement, nous descendons par un autre sentier qui traverse des amples pâturages. Observons ça et là d’imposants blocs erratiques et, sur la gauche, les restes d’un ancien ‘rù’ (canal d’irrigation). Juste avant de traverser le petit ruisseau issu de la grande tourbière de Varda, affleurent, au milieu des métabasites, des roches plus friables qui dessinent des îlots de poussière : sortes d’éclaboussures d’anciennes boues océaniques.

STOP 9 | EN SAVOIR PLUS

Après avoir contemplé les ruines de l’ancien alpage de l’Alpe Varda, observons la grande paroi de droite (ouest) de la Vallée, majestueusement coupée à mi-hauteur par la bande claire des Cimes Blanches.
En réalité, cette bande blanche n’a rien à voir avec les limites supposées de notre ancien océan. Elle représente plutôt ce qui subsiste des anciennes lagunes qui, sur les immenses plages du supercontinent Pangée (il y a 250 millions d’années) précédèrent l’ouverture de l’océan avec ses sables, ses sels d’évaporation, ses barrières de corail. Nous sommes à la même époque de la formation des Dolomites, sauf qu’ici tout a été haché et broyé durant l’orogénèse alpine au point qu’il n’y a absolument plus aucune trace de fossiles.
La bande blanche sépare aussi le niveau intermédiaire de la croûte océanique, où nous nous trouvons actuellement, du niveau supérieur effleurant plus haut. En effet, au-dessus de cette bande blanche se trouve une couche principalement composée de calcschistes, roches provenant de sédiments fangeux et calcaires de haute mer. Les deux sommets qui nous surplombent, le sommet du Tournalin et celui de la Roisetta, sont essentiellement composés de calcschistes, avec quelques inclusions de métabasites et quelques rares serpentinites.

STOP 10. L’ÉCLAT DES ANCIENNES BOUES OCÉANIQUES

Quelques pierres râpeuses arborant sur les côtés des cristallins foncés longent le sentier poussiéreux. Il y a 150 millions d’années, une éclaboussure de boue océanique (argile, calcaire) est venue se glisser entre les coulées de magma basaltique avant de s’enfoncer en subduction comme tout le reste de la plaque océanique. Ceci a produit du mica ferromagnésien de haute pression qui brille sur le sentier et, parfois, quelques grenats très limpides incrustés dans les pierres.

L’itinéraire continue vers l’Alpe Ventina en suivant de raides tournants. Après avoir longé les ruines des anciens alpages et une nouvelle descente, rejoindre un plateau d’où l’on voit, sur la droite, une station météo. De là, poursuivre sur la droite un chemin qui longe l’Alpe Djomein et qui rejoint la vallée du canal Courtod. Après avoir franchi le canal en traversant le pont, le sentier traverse un terrain plat avant de rejoindre le chemin qui descend dans la vallée.
Le sentier qui descend le relief sur le côté droit, traverse un bois en pente raide et rejoint la terrasse d’une ancienne charbonnière.

STOP 10 | EN SAVOIR PLUS

Sur la côte pierreuse qui descend de l’Alpe Ventina le sentier devient d’un coup poussiéreux et brillant tandis que plusieurs rochers sur les côtés arborent en relief, comme dans une râpe, des cristallins foncés. Il y a 150 millions d’années, une coulée de fange océanique (argile, calcaire) s’est introduite entre deux coulées de magma basaltique pour, ensuite, s’affaisser en subduction comme tout le reste de la plaque océanique. Le résultat est ce mica ferromagnésien de haute pression qui brille sur le sentier et, parfois, quelques grenats très limpides incrustés dans les cailloux.

STOP 11. DES CHARBONS ÉTEINTS SOUS NOS PIEDS

Vers la fin du terrain plat, sur le chemin souvent boueux qui descend de l’Alpe Courtod on traverse un espace élargi où la terre, par sa couleur noire, porte encore les traces d’une ancienne charbonnière.

Peu après, là où le chemin reprend sa descente, on arrive à l’emplacement de l’ancien four à chaux (un œil avisé y reconnaîtra encore aisément les résidus des roches calcaires utilisés pour obtenir la chaux).

STOP 11 | EN SAVOIR PLUS

Le charbon de bois, essentiellement utilisé en métallurgie, était, parmi les produits issus du bois, l’un des plus recherchés, et ce surtout à partir du XVIIe siècle. Il était produit dans la forêt même, sur de petites terrasses spécialement conçues à cet effet. Le procédé consistait à faire brûler par un feu sans flamme, des monticules coniques de bois afin que ce dernier se transforme en charbon. L’opération prenait deux semaines environ et il fallait compter autant de temps pour la préparation du monticule et pour son refroidissement. Les charbonniers, toujours par deux, s’alternaient dans la surveillance et le suivi pour que le feu ne vienne pas détruire la charbonnière. Entre la moitié du XVIIe siècle et la fin du XIXe de nombreux arrêtés des Communautés locales, du Conseil des Commis et de la Cour de la Maison de Savoie tentèrent de réglementer la production du charbon végétal en vue de protéger d’une part une ressource forestière indispensable (pour l’alimentation et la protection du sol) et, de l’autre, pour satisfaire les intérêts de la production du charbon de bois (au regard aussi bien des propriétaires des forêts que des besoins de l’industrie métallurgique et de leurs clients dont dernier et non moindre, les besoins de l’Arsenal de la Maison de Savoie).

STOP 12. LA PIERRE CUITE

Un panneau illustre les modalités de fonctionnement du four à chaux qui exploitait aisément les pierres calcaires présentes en abondante quantité à proximité. Le gros bloc rocheux qui s’élève en hauteur en direction du four, sous les pentes du Mont Croce (ou Brun) s’appelle, en patois local, Mont de la Tchas (qui signifie « chaux » en patois).

Le sentier se dirige maintenant vers la droite, traverse une jolie clairière et continue sur la gauche dans une cuvette herbeuse (jalon de balisage) pour traverser le bois presque jusqu’au torrent. À l’endroit le plus proche du fleuve, juste avant les grandes parois rocheuses aménagées pour l’escalade, sur le côté de droite, vers la pente, on remarque un affleurement de serpentinite au niveau du terrain (près d’un monticule de pierre de balisage).

STOP 12 | EN SAVOIR PLUS

Le rivage boisé qui borde le fleuve que nous côtoyons est composée de blocs de détritus, de petite taille pour la plupart, tombés de la paroi en surplomb, surtout des parties les plus élevées : calcschistes et bande blanche. Cette disponibilité de matériau calcaire et l’abondant bois de la forêt contiguë ont certainement motivé l’installation d’un four à chaux, amplement illustré par un panneau d’explication situé sur le sentier.

STOP 13. LE CHAUDRON GLACIAIRE

La marmite est de forme cylindrique, étroite, profonde, avec un axe vertical. Il est souvent difficile de tenter d’expliquer ces formes d’érosion lesquelles nécessitent d’une énergie assez élevée (ce n’est certes pas le petit caillou qui tourne et creuse dans le fond du trou) et des temps de réalisations relativement brefs. On serait tentés de s’en remettre à un environnement glaciaire et de supposer des puits sous pression dans l’épaisseur surplombante de la glace… Toutefois, ces modèles hypothétiques paraissent plutôt improbables à nos yeux.

Peu après, toujours en descendant, le chemin rejoint la route qui monte vers la Vallée de Nana et, deux ou trois tournants plus loin, toujours en descendant, il arrive sur la route goudronnée. Après avoir longé un atelier de menuiserie poursuivre jusqu’au croisement, peu avant le pont qui franchit le fleuve Evançon (qui trouve ici son origine, à la confluence des torrents respectivement de Verra, de Tsère et Courtod). Prendre la route de droite qui mène aux maisons de Pelioz pour poursuivre sur un large chemin et atteindre la route empruntée au départ menant à la place de Saint-Jacques, point final de notre excursion.

STOP 13 | EN SAVOIR PLUS

Le sentier balisé 8E nous conduit jusqu’à une altitude de 1800 m près d’énormes blocs (métabasites) effondrés dans une zone humide et escarpée, presque un ravin. Sur notre droite, discrète, une serpentinite affleure au milieu des herbes, des mousses et des arbustes. Sa surface rocheuse, lisse et humide, s’incline parallèlement au terrain avec un canal en forme de gouttière. Dans sa partie supérieure, cette gouttière trouve son origine dans une cavité cylindrique verticale, d’une largeur de 40 cm environ et d’au moins un demi-mètre de profondeur sur le côté de l’affleurement et de plus d’un mètre du côté de la montagne. Très peu de débris remplissent la cavité et on peut, à juste titre se demander pourquoi un trou dans l’herbe ne se remplit-il pas de terre !
Certaines formes d’érosion restent certes pour le moins mystérieuses, elles nécessitent d’une énergie considérable (ce n’est certainement pas le petit caillou qui creuse tranquille sur le fond du trou) et des temps de réalisation relativement brefs. Spontanément, on s’en remettrait à l’environnement glaciaire qui en serait l’origine, en supposant des puits sous pression dans l’épaisseur surplombante de la masse de glace …Toutefois, ces hypothétiques modèles paraissent plutôt improbables à nos yeux.